Network - Main basse sur la TV

Sidney Lumet

Présentateur du journal télévisé sur UBS, Howard Beale (Peter Finch) est une star sur le déclin, en constante perte d’audimat. Sur le point d’être licencié, il menace en direct de se suicider à l’antenne. Les audiences remontent en flèche. Tandis que le directeur de l’information, Max Schumacher (William Holden), tente de calmer le jeu, la responsable des programmes, Diana Christensen (Faye Dunaway), se réjouit…

Un an après Un après-midi de chien, dans lequel il avait déjà entamé une réflexion sur la télévision-spectacle, Sidney Lumet pénètre, avec Network, l’antre du monstre : les coulisses de la télévision. Et c’est accompagné du scénariste Paddy Chayefsky, issu comme lui de ce média, que Lumet se lance dans un des films les plus importants et les plus coriaces réalisé sur ce thème.

Quelle est la frontière entre information et divertissement ? Quelles sont les limites à ne pas franchir dans une course effrénée à l’audimat, aux profits, à la réussite professionnelle ? Personnage central de Network, Diana Christensen (glaçante Faye Dunaway, oscarisée pour son interprétation) est une working-woman, cynique et sans aucun scrupule. Si certains de ses collègues se débattent encore entre idéaux et compromis, pour elle, il est déjà trop tard : tout est bon pour arriver à ses fins. Entre ses mains, le journaliste désespéré devient finalement une espèce de prophète fou en charge de dénoncer les hypocrisies du monde dans une grand-messe populiste. Jusqu’au moment où il dérange de nouveau.

Réalisé comme un reportage, le portrait du milieu est peint au vitriol. Accentuant la folie du monde, la télévision a un pouvoir énorme et annihile le libre arbitre de ses spectateurs. Quid alors quand ce pouvoir est détenu par des intérêts privés internationaux ?

À le revoir quarante-cinq ans plus tard, Network était-il prophétique, visionnaire ? Prédictif, pour le moins. « À la fin des années 70, ce qui se passe dans le film était inimaginable pour les chaînes de télévision, les organes de presse se sentaient tellement responsables vis-à-vis de leur public qu'ils ne s'imaginaient pas tendre vers ce genre de programmes. Il suffit juste de regarder la télévision aujourd'hui pour constater que de nombreuses chaînes traitent l'information d'une manière qui serait très familière à Lumet et Chayefsky... » (David Itzkoff, Sofilm n°87, septembre / octobre 2021)