Nous ne vieillirons pas ensemble

Invités du festival : Marlène Jobert

Jean (Jean Yanne) est réalisateur. Il est marié à Françoise (Macha Méril), mais, depuis plusieurs années, il vit le plus souvent avec sa maîtresse, Catherine (Marlène Jobert). Afin de tourner un film, il doit se rendre en Camargue et propose à Catherine de l’accompagner. Après une violente dispute, Catherine part, mais Jean la rattrape de justesse.

Récit des derniers mois d’une relation, Nous ne vieillirons pas ensemble est un film ouvertement autobiographique. S’il est adapté du roman de Maurice Pialat, publié quelques semaines avant la sortie du film, c’est bien sa vie que le cinéaste a transcrite sur grand écran. Les prénoms ont changé, mais l’histoire est la même, Pialat poussant le désir de réalisme jusqu’à filmer dans les lieux mêmes de son histoire personnelle.

Jean n’arrive pas à divorcer, Catherine, sa maîtresse, supporte de plus en plus mal la situation. Alors qu’elle se détache lentement de l’homme qu’elle a aimé, lui, de son côté, s’enflamme. Pialat filme la vérité crue, sa caméra capte tout, les moments de passion comme les ratés, les silences, les conversations anodines, le quotidien d’une rupture. Il décrit les vertiges de l’amour, puis l’épuisement, l’agonie lente d’un couple, les lâchetés, les mensonges, la jalousie, avec une lucidité rarement atteinte dans l’analyse amoureuse.

Alors en pleine gloire, Marlène Jobert, dans un des rôles les plus marquants de sa carrière, interprète de façon bouleversante Catherine, stoïque face à la cruauté de Jean.  Pour incarner son alter ego, Pialat a choisi Jean Yanne, mais leur relation est houleuse : l’acteur n’apprend pas son texte, ne comprend pas tous les sentiments de son personnage et en refuse la faiblesse… Pialat et lui en arriveront à ne se parler que par l’intermédiaire de Marlène Jobert et de Macha Méril. Il n’en reste pas moins que le comédien apporte à son personnage une gouaille personnelle et donne toute son ampleur à ce héros égoïste, possessif, mufle et cruel. Une interprétation qui sera récompensée au Festival de Cannes.

« Dans le générique de fin de Nous ne vieillirons pas ensemble, on peut voir Marlène Jobert s’amuser dans l’eau. Le plan renvoie à une scène du film où elle et Jean s’amusaient simplement dans l’océan. À cet instant ultime de la narration, l’image est tout simplement bouleversante. Quand on dit à Marlène Jobert qu’elle est devenue l’incarnation de la femme que tous les hommes ont aimée puis perdue, elle relève la tête, vous fixe les prunelles et sourit : “C’est vrai qu’à la fin quand je suis dans la mer, c’est vrai, il y a quelque chose. Quelle bonne idée ! Ça, c’est Pialat.” » (Frédéric Mercier, dvdclassik.com, 28 février 2007)