Pee-Wee (Paul Reubens) rêve… et se réveille dans une chambre aux couleurs de confiserie. Il s’apprête à passer une excellente journée avec le seul amour de sa vie : sa bicyclette, une merveille agrémentée d’incroyables gadgets. Mais celle-ci a disparu, volée par l’odieux et très jaloux Francis (Mark Holton). Dévasté, Pee-Wee part à sa recherche.
Tim Burton naît en 1958 à Burbank, Californie, annexe d’Hollywood où sont installés Warner, Columbia ou Disney, mais aussi, à l’origine, banlieue pour la classe ouvrière. De son enfance la tête en l’air à regarder les trajectoires des avions, Tim Burton garde le souvenir d’avoir les mêmes activités que les autres : aller au cinéma, jouer, dessiner. Ce qui le différencie, c’est son introversion et surtout son souhait de ne jamais cesser ces activités à l’âge adulte. Il regarde des films de monstres comme d’autres lisent des contes de fées, nourrit une passion pour Edgar Allan Poe et l’acteur Vincent Price. Il réalise ses tout premiers films, du super 8 en noir & blanc, en lieu et place des fiches de lecture qu’il ne veut pas faire pour l’école…
Le dessin lui apporte une vraie liberté et une réelle stabilité. À 18 ans, il décroche une bourse d’études pour Cal Arts, l’Institut des Arts de Californie, école fondée par Walt Disney, vivier pour dénicher les nouveaux talents. Il y réalise des films d’études, plonge dans les archives, apprend. En dernière année, son film Stalk of the Celery Monster (1979, littéralement, « La Traque du monstre céleri ») lui permet d’intégrer le studio Disney en tant qu’animateur.
Tim Burton travaille au sein d’une équipe qui a collaboré sur Rox et Rouky, Taram et le chaudron magique… Mais, aussi formateur qu’il soit, le moule Disney est étriqué pour le jeune homme ; on lui demande des dessins qu’il se sent incapable de faire. En même temps, Disney, qui cherche à se renouveler, lui permet d’expérimenter pour de futurs projets : il devient artiste-concepteur. Il trouve alors des mentors qui souhaitent l’encourager, décelant un talent unique et non-conventionnel. Ceux-ci lui confient 60 000 dollars pour produire Vincent (1982), court métrage d’animation en volume, sur un poème en prose dont il est l’auteur. Vient le temps d’autres courts, Hansel and Gretel (1982), le célèbre Frankenweenie (1984, financé par Disney pour un million de dollars). Ce dernier devait être diffusé avec Pinocchio. Mais la firme, tout en reconnaissant les qualités évidentes du court, décide de ne pas le distribuer. Tim Burton a la chance de tourner ce qu’il souhaite, mais comme personne ne voit ses films, il décide alors de quitter la maison Disney.
En 1984, Warner cherche un réalisateur pour un film avec Pee-Wee Herman. Personnage créé par Paul Reubens sur les planches des clubs californiens, Pee-Wee est rapidement devenu très populaire, jouant son show à guichets fermés. La chaîne CBS lui offre alors une émission, le cinéma suit. Et c’est grâce à une amie qui a présenté Frankenweenie aux producteurs que Tim Burton est contacté. « Pour devenir réalisateur, il ne faut avoir peur de rien et garder un minimum d'égocentrisme et une confiance suffisante en soi pour foncer. Un certain degré d'ignorance aide aussi. Plus les expériences s'accumulent, plus tu angoisses. Jamais je n'ai été autant en sécurité et aussi peu angoissé que sur Pee-Wee. C'était le pied intégral. » (Tim Burton in Tim Burton - Entretiens avec Mark Salisbury, Points)
« Rebelle et solitaire », voilà comment se présente Pee-Wee, enfant dans un corps d’adulte, coincé entre les années 50 et les années 80. Il a quelque chose de Buster Keaton, Stan Laurel ou Harold Lloyd, avec un zeste du mime Marceau. Inadapté dans un monde normé, Pee-Wee se moque de la façon dont il est perçu. Son road-trip à travers le pays pour retrouver sa chère bicyclette est l’occasion de rencontrer des freaks, certes un peu plus rangés que lui, et de se faire une famille d’élection. La communauté l’accepte.
Pee-Wee Big Adventure est un succès commercial inattendu. Le monde comme une énorme fête foraine – en creux une satire des États-Unis –, le tout, baigné dans la première composition de Danny Elfman pour le cinéma, séduit.
Revoir ce premier film à l’aune de la carrière du cinéaste, c’est y déceler déjà tous les motifs de l’auteur : l’excentricité et le travestissement, la solitude, les marges et les normes, les banlieues proprettes, les métamorphoses monstrueuses, l’hommage au cinéma, la micro-machinerie… « Le premier long métrage de Burton affiche son vrai visage : c'est un manifeste esthétique sous le masque du film de commande, un autoportrait du cinéaste en ado corseté dans un costume et un corps d'adulte, un authentique film d'auteur logé au cœur d'une papillote multicolore. » (Vincent Dupré, Jeune Cinéma n°308-309, printemps 2007)
Pee-Wee Big Adventure (Pee-Wee's Big Adventure)
États-Unis, 1985, 1h31, couleurs
Réalisation Tim Burton
Scénario Phil Hartman, Paul Reubens, Michael Varhol
Photo Victor J. Kemper
Effets spéciaux Chuck Gaspar
Musique Danny Elfman ; Twisted Sister, The Champs
Montage Billy Weber
Décors David L. Snyder, Thomas Roysden
Costumes Aggie Guerard Rodgers
Production Robert Shapiro, Richard Gilbert, Warner Bros., Aspen Film Society
Distributeur Warner Bros.
Interprètes Paul Reubens sous le pseudonyme de Pee-Wee Herman (Pee-Wee Herman), Elizabeth Daily (Dottie), Mark Holton (Francis), Diane Salinger (Simone), Judd Omen (Mickey), Irving Hellman (Mr. Crowtray), Monte Landis (Mario), Damon Martin (Chip)
Sortie aux États-Unis 9 août 1985
Sortie en France 3 juin 1987
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