Pinocchio par Guillermo del Toro

Invités du festival : Guillermo del Toro / Avant-première

« Je veux vous raconter une histoire. Une histoire que vous croyez connaître, mais que vous ne connaissez pas. Pas vraiment. Vous voyez, moi, Sebastian J. Cricket, j'étais là. En fait, je vivais, je vivais vraiment dans le cœur du garçon en bois. » Ainsi, par la voix d’un insecte, commence l’histoire du menuisier Geppetto, qui ayant sculpté un petit garçon en bois, découvrit un matin que celui-ci avait pris vie, rêvait de découvrir le monde et de devenir humain…

Les Aventures de Pinocchio, publiées en 1881 par Carlo Collodi, ont été plusieurs fois portées à l’écran : au célèbre dessin animé produit par Walt Disney en 1940 ont succédé des adaptations signées notamment de grands cinéastes italiens, comme Luigi Comencini (1972), Roberto Benigni (2002) et plus récemment Matteo Garrone (2019). Le projet de Guillermo del Toro remonte à plus de quinze ans et a longtemps fait partie des films que le cinéaste ne parvenait pas à monter, à l'image de son adaptation des Montagnes hallucinées de Lovecraft. Refusé par tous les studios hollywoodiens, Pinocchio, filmé en stop motion (animation en volume image par image) et ponctué de séquences musicales, est aujourd'hui produit par Netflix.

Le cinéaste est fidèle à son esthétique volontiers gothique et à son goût des créatures fantastiques : « Enfant, je me sentais proche du personnage de Pinocchio, expliquait-il en 2018 (collider.com). Non pas tant le bon garçon obéissant. Ce qui m'intéressait c'était de savoir si Pinocchio pouvait être aimé en étant lui-même. Doit-il se transformer en vrai garçon pour être aimé ? Pourquoi ne peut-il pas être aimé exactement comme il est ? Pourquoi ne pouvons-nous pas être les enfants imparfaits de parents aimants ? La beauté de Pinocchio pour moi est qu’il n'est pas une créature parfaite. C'est un enfant très difficile. Il ressemble beaucoup [au monstre de] Frankenstein : c'est une créature créée par des moyens contre nature par un père dont il s'éloigne et qui doit apprendre le fonctionnement du monde par l'échec, la douleur et la solitude. » En cela, il se rapproche du texte original,tout en transposant l’histoire dans les temps difficiles du fascisme italien.

Guillermo del Toro cosigne le film avec Mark Gustafson, qui a été directeur de l'animation sur Fantastic Mr Fox de Wes Anderson. L’allure des personnages est inspirée du trait du dessinateur américain Gris Grimly qui avait signé en 2002 les illustrations d'une réédition des Aventures de Pinocchio. Les premières présentations du film suivent de quelques semaines la sortie d’une autre adaptation du célèbre récit, signée Robert Zemeckis et tournée pour partie en prises de vue réelles.