Psychose

Grands classiques du noir et blanc

Marion Crane (Janet Leigh), employée dans un bureau, est chargée de déposer quarante mille dollars à la banque. Elle décide de dérober l'argent et de quitter la ville pour rejoindre son fiancé (John Gavin). Elle fuit en voiture et s'arrête pour la nuit au Bates Motel, tenu par Norman (Anthony Perkins), un jeune homme étrange.

Alors qu’il termine le tournage de La Mort aux trousses (1959), Alfred Hitchcock découvre le dernier roman de Robert Bloch, Psycho. Dès sa lecture terminée, il achète les droits. Le personnage de Norman Bates est inspiré du tueur en série Ed Gein, qui marqua profondément les esprits par l'horreur de ses crimes (violation de sépultures, cannibalisme, nécrophilie, dépeçage). Bloch, puis Hitchcock, atténueront grandement la violence de ses actes.

Considéré comme un sommet du génie hitchcockien et un film fondateur du cinéma d’horreur et du cinéma moderne, Psychose s'appuie sur un suspense et une narration qui influencèrent considérablement de nombreux cinéastes de la terreur, dont John Carpenter ou Brian De Palma. Hitchcock marqua de façon définitive l’Histoire du cinéma avec la légendaire scène de la douche, où le personnage de Janet Leigh est poignardé. Alors que le tournage s’apparente à celui d’une série télévisée (noir & blanc, budget restreint et petit calendrier de trente jours), le cinéaste va consacrer sept jours entiers à la réalisation de cette scène, en demandant à Saul Bass de concevoir, en plus du générique, le story-board du meurtre. Ainsi, on comptera soixante-dix positions de caméra, soixante-dix-huit plans et cinquante-deux coupes pour mettre en scène ce moment d’anthologie de 45 secondes. Le résultat est stupéfiant : le spectateur est tour à tour dans la position du voyeur et de la victime.

« C’est mon expérience la plus passionnante de jeu avec le public. Avec Psycho, je faisais de la direction de spectateurs, exactement comme si je jouais de l’orgue. […] Ma principale satisfaction est que le film a agi sur le public, et c’est la chose à laquelle je tenais beaucoup. Dans Psycho, le sujet m’importe peu, les personnages m’importent peu ; ce qui m’importe, c’est que l’assemblage des morceaux de film, la photographie, la bande sonore et tout ce qui est purement technique pouvaient faire hurler le public. Je crois que c’est une grande satisfaction pour nous d’utiliser l’art cinématographique pour créer une émotion de masse. Et, avec Psycho, nous avons accompli cela. […] Ce qui a ému le public, c’était le film pur. » (Alfred Hitchcock, Hitchcock/Truffaut, Ramsay)