1915. John Reed (Warren Beatty), dit Jack, jeune homme originaire d’une famille aisée de Portland, est journaliste au journal radical The Masses. Militant pour les droits des travailleurs, il s’engage contre l’entrée en guerre des États-Unis. Il rencontre Louise Bryant (Diane Keaton), épouse d’un dentiste, journaliste et militante féministe. Se construit alors entre eux une relation libre, passionnelle et intellectuelle. John propose à Louise de le suivre à New York.
À une époque où l’antisoviétisme américain est de nouveau exacerbé comme jamais sous la mandature Reagan, Warren Beatty, acteur, scénariste, producteur et, depuis 1978, réalisateur, se lance dans un projet dantesque, Reds, qui porte à l’écran cinq ans de la vie de John Reed et de sa compagne Louise Bryant. John est un idéaliste rêvant de justice sociale, un journaliste devenu militant politique. Louise, femme libre et féministe, rêve d’être reconnue comme écrivaine, et de ne pas être seulement Mrs. Reed (elle a divorcé de Paul Trullinger en 1916). Leur rencontre se fera dans un monde en plein changement, confronté aux pires conflits. Le couple d’intellectuels militants sera témoin, mais aussi acteur, des bouleversements en cours.
Des réunions d'ouvriers syndiqués au front français de la Première Guerre mondiale, en passant par Petrograd et la révolution d’Octobre (qui inspirera à Reed le célèbre Dix jours qui ébranlèrent le monde, préfacé par Lénine), des luttes intestines au sein du parti radical américain à la bureaucratie du système soviétique, Reds plonge à corps perdu dans l’Histoire d’un XXe siècle commençant. Mais sans sacrifier pour autant l’histoire du couple au sein de la bohème new-yorkaise. Leurs tourments internes (besoin ardent de reconnaissance de Louise, absence de John, amour libre, relations avec le cynique Eugene O'Neill – incarné ici par un remarquable Jack Nicholson…-) modifieront leur rapport au monde.
À la fois film intimiste et fresque historique, Reds touche au mélodrame avec intelligence et parcimonie. Mêlant à la fiction les témoignages documentaires de ceux qui ont vécu cette époque et ont connu le couple, Beatty interroge la mémoire et la fin des idéaux, pervertis dès leur arrivée au pouvoir.
Reds, servi par son formidable couple vedette Warren Beatty-Diane Keaton, un montage exemplaire et une splendide photo, sera nommé pour douze Oscars et en décrochera trois.
« [Warren Beatty] ne laisse jamais l’histoire de John et Louise dominer l’Histoire tout court, mais il ne permet pas davantage aux événements historiques et politiques de l’engloutir ou de la minimiser. Aucun film, peut-être, n’a montré une vie de couple aussi étroitement mêlée à la vie publique, et pourtant aussi intensément passionnelle et privée. » (Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon, 50 ans de cinéma américain, Nathan)
Reds
États-Unis, 1981, 3h15, couleurs, format 1.85
Réalisation Warren Beatty
Scénario Warren Beatty, Trevor Griffiths
Photo Vittorio Storaro
Musique Stephen Sondheim, Dave Grusin
Montage Dede Allen
Décors Richard Sylbert
Costumes Shirley Russell
Production Warren Beatty, Paramount, Barclays Mercantile Industrial Finance, JRS Productions
Distributeur Park Circus
Interprètes Warren Beatty (John Reed), Diane Keaton (Louise Bryant), Edward Herrmann (Max Eastman), Jerzy Kosinski (Grigory Zinoviev), Jack Nicholson (Eugene O'Neill), Paul Sorvino (Louis Fraina), Maureen Stapleton (Emma Goldman), Nicolas Coster (Paul Trullinger), M. Emmet Walsh (l'annonceur du Liberal Club), Ian Wolfe (Mr. Partlow), Bessie Love (Mrs. Partlow), MacIntyre Dixon (Carl Walters), Pat Starr (Helen Walters), Eleanor D. Wilson (Mrs. Reed), Max Wright (Floyd Dell), George Plimpton (Horace Whigman), Gene Hackman (Pete Van Wherry)
Sortie aux États-Unis 25 décembre 1981
Sortie en France 7 avril 1982
Remerciements à Paramount
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