André Laurent (Jean Gabin) est capitaine du remorqueur Le Cyclope qui pratique le sauvetage des navires, au large de Brest. Sa femme Yvonne (Madeleine Renaud) souffre d’une maladie de cœur et espère le voir renoncer à ce métier qui l’éloigne d’elle continuellement. Au cours d’un remorquage, André rencontre Catherine (Michèle Morgan) et en tombe amoureux.
Alors que Jean Grémillon, Charles Spaak et André Cayatte travaillent déjà sur l’adaptation du roman de Roger Vercel, Jean Gabin appelle Jacques Prévert pour lui demander d’ajouter une histoire d’amour au récit, et ainsi le différencier des deux scénarios déjà existants, adaptations qu’il juge trop fidèles au roman. Le tournage s’avère très compliqué et s’interrompt à la déclaration de guerre, avant de reprendre au printemps 1940, pour s’arrêter de nouveau lors de la débâcle de juin. Le montage et les scènes de tempête ne sont entrepris qu’en novembre 1940. Construits aux studios de Billancourt, les décors sont démesurés : le restaurant où se déroule la noce s’étend sur sept mille mètres carrés ; le remorqueur est reconstitué, avec son pont et sa salle des machines, ainsi que l’appartement entier des Laurent.
Remorques réunit Jean Gabin et Michèle Morgan, couple de légende après Le Quai des brumes (1938) de Marcel Carné, dans une œuvre insolite et bouleversante, une symphonie où les conflits humains se résolvent dans la fureur des flots, les gifles du vent, les hurlements de la tempête. Lorsque le film, après une année de montage, sort enfin en novembre 1941, ses deux interprètes principaux ont déjà quitté la France pour les États-Unis.
« Jamais on ne louera assez Remorques. Et jamais on ne redécouvrira assez Grémillon […] Une mise en scène est forcément double : mise en scène du cinéaste, mise en scène des personnages. Chez les plus grands, cette dualité n’introduit pas une redondance, encore moins une opposition. Plutôt : une relance et une division. Relance du visible par l’invisible, de l’image par les mots. Division de la volonté qui unit Catherine et André. Division surtout de la fatalité par la liberté, de la liberté par la fatalité. À l’écart des illusions rétrospectives d’unité perdue, pareille ouverture, pareil tour de vis définissent sans doute ce qu’il faut bien continuer d’appeler le moment classique du cinéma. » (Emmanuel Burdeau, Cahiers du Cinéma n°590, mai 2004)
Remorques
France, 1941, 1h24, noir et blanc, format 1.33
Réalisation Jean Grémillon
Scénario et dialogues Jacques Prévert, d’après le roman éponyme de Roger Vercel
Adaptateurs Charles Spaak, André Cayatte
Photo Armand Thirard
Musique Roland-Manuel
Montage Yvonne Martin
Décors Alexandre Trauner
Production Maîtrise Artisanale de l'Industrie Cinématographique – MAIC, SEDIF
Distributeur Carlotta Films
Interprètes Jean Gabin (le capitaine André Laurent), Madeleine Renaud (Yvonne Laurent), Michèle Morgan (Catherine), Fernand Ledoux (Kerlo, le bosco), Charles Blavette (Gabriel Tanguy), Jean Marchat (Marc), Henri Crémieux (l'administrateur), Jean Dasté (Poubennec), Henri Poupon (le docteur Maulette), Nane Germon (Renée Tanguy), René Bergeron (Georges), Anne Laurens (Marie Poubennec), Marcel Pérès (Le Meur), Sinoël (l'armateur), Léonce Corne (le cuistot)
Sortie en France 27 novembre 1941
Restauration 4K supervisée par MK2 Films avec la participation d’ARTE France-Unité Cinéma réalisée par le laboratoire Eclair Classics.
Remerciements à Mk2
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