Au cours de la Seconde Guerre mondiale, deux jeunes enfants, Pascale (Franco Interlenghi) et Giuseppe (Rinaldo Smordoni) rêvent d’acheter un magnifique cheval. Ils survivent en cirant les chaussures et en se livrant à toutes sortes de petits trafics. Un jour, ils sont arrêtés et placés dans une maison de correction à la discipline brutale. Ils parviendront à s’en évader, mais la cruauté de la vie se rappelle toujours à eux…
L’année 1946 est une année fructueuse. C’est celle où le Festival de Cannes donne le coup d’envoi du néoréalisme en couronnant Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini du Prix du Jury. C’est également celle du Bandit d’Alberto Lattuada, du Soleil se lève encore d’Aldo Vergano, de Païsa deRoberto Rossellini, et de Sciuscià. Vittorio De Sica raconte la naissance du film : « L’expérience de la guerre fut déterminante pour nous, qui ressentions le besoin de planter la caméra au milieu de la vie réelle, au milieu de tout ce qui frappait nos yeux atterrés. Nous cherchions à nous libérer du poids de nos fautes, nous voulions nous regarder en face, et nous dire la vérité, découvrir ce que nous étions réellement, et chercher le salut. Je crois que Sciuscià, le film qui est né de ce besoin, a marqué la fin de mes mises en scène commerciales, et le début de mes aventures avec les producteurs. À partir de ce moment-là, je n’ai plus jamais trouvé de crédit. »
Le film n’eut aucun succès en Italie. Le producteur Paolo Tamburella dut se résoudre à le vendre en France et aux États-Unis pour une bouchée de pain. Très vite, il s’aperçut que le film rapportait des millions de dollars à l’étranger. Par la suite, c’est grâce à ses contrats d’acteur que Vittorio De Sica pourra financer la réalisation et la distribution de ses films.
Une partie de la critique italienne fit preuve d’incompréhension : l’habituel conformisme bourgeois trouvait répréhensible qu’un Italien voulût faire connaître une réalité que tous savaient inhumaine, celle de l’enfance dans ces années noires. Toutefois, le succès obtenu au-delà des frontières obligea le public italien à reconsidérer son jugement, mais de manière purement théorique. On ne pouvait admettre ce que Bernanos nomme « le scandale de la vérité ». Ce sont d’abord les parents qui sont jugés responsables, mais également la société tout entière.
« De Sica et Zavattini laissent bien entendre que leur but est de servir l’éthique, qu’ils ne se bornent pas à un constat social. En le révélant, ils accusent, ils proposent à cette même société, le reflet d’un miroir face auquel elle doit prendre conscience de ses responsabilités et de ses injustices. Une volonté morale, donc, et sans ambages, affirmée avec d’autant plus d’efficacité qu’elle n’emprunte jamais la voie du prêche ou de l’émotion facile. » (Pierre Leprohon, Vittorio De Sica, Éd. Seghers)
Sciuscià
Italie, 1946, 1h33, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Vittorio De Sica
Scénario Cesare Zavattini, Vittorio De Sica, Sergio Amidei, Ennio De Concini, Adolfo Franci, Cesrae Giulio Viola, Marcello Pagliero, William Tamburella
Photo Anchise Brizzi
Musique Alessandro Cicognini
Montage Niccolo Lazzari
Décors Ivo Batelli
Production Giuseppe Amato, Paolo William Tamburella, Alfa Cinematografica
Interprètes Rinaldo Smordoni (Giuseppe Filippucci), Franco Interlenghi (Pasquale Maggi), Annielo Mele (Raffaele Didio), Maria Ciampi (la voyante), Pacifio Astrologo (Vittorio), Enrico De Silva (Giorgio), Bruno Ortensi (L’Archange), Antonio Nicotra (L'Abruzzese)
Sortie en Italie 27 avril 1946
Sortie en France 26 février 1947
Restauration 4K par la Film Foundation et la Fondazione Cineteca di Bologna.
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