Scream

Cultes !

Woodsboro, Californie. Un serial killer, excessivement brillant et retors, bouleverse les petites vies tranquilles de Sidney (Neve Campbell) et d’une de ses amies de lycée, Casey (Drew Barrymore). Avec une froide détermination, le tueur utilise son amour des films d'horreur pour bouleverser la ville, mettant à profit toutes ses connaissances pour piéger ses victimes, déjouer la police et semer ses poursuivants.

Grand prix du Festival international du Film fantastique de Gérardmer en 1997, Scream est né de la rencontre entre Wes Craven, le "maître de l’horreur", et Kevin Williamson, un jeune scénariste biberonné aux classiques de l’épouvante. Le cinéaste est séduit par le scénario, qu’il trouve sensationnel. Bien qu’Oliver Stone ait bataillé pour emporter les droits, c’est finalement Dimension Films qui sort vainqueur.

La fameuse séquence inaugurale suit à la lettre toutes les règles établies, notamment par John Carpenter et son film La Nuit des masques (Halloween, 1978). Mais bientôt, le film bascule dans une mise en abyme astucieuse : amateurs de films d’horreur, les protagonistes, devenus spectateurs, commentent l’action et anticipent les retournements de situation en convoquant tous les clichés du genre.

Alliance rare de l’effroi et du rire, Scream ne tombe pas pour autant dans la parodie (comme le fera Scary Movie en 2000) et reste un véritable film d’épouvante. Avec cette œuvre cynique et élaborée, Wes Craven remet à l’honneur le slasher-movie, sous-genre du film d’horreur où le tueur, masqué, exécute ses victimes à l’arme blanche. Incroyable succès populaire, Scream connaîtra quatre volets, tous réalisés par Craven, ainsi qu’un remake en 2022.

« [Wes Craven] avait redynamisé toute une rhétorique essorée, celle du cinéma d’horreur des années 1970 et 1980, en la confrontant à la conscience de soi, en présentant les conventions du genre comme des clichés dès lors maîtrisés par les personnages eux-mêmes, sortes de clones du public adolescent auquel s’adressait ce type de films. Assez miraculeusement, cette mise en abyme injectait à l’épouvante cinématographique une sorte de réflexion postmoderne effrayante et joyeuse à la fois, interrogeait avec humour le pouvoir des images contemporaines et leur consommation. Un Hollywood "à court d’idées" réinventait ainsi, in extremis, une inespérée dimension au cinéma populaire, une dimension justement fondée sur l’idée d’un épuisement de la fiction. » (Jean-François Rauger, Le Monde, 13 janvier 2022)