Serpico

Sidney Lumet

New York, début des années 70. Frank Serpico (Al Pacino) est admis à l’hôpital après avoir reçu une balle dans la tête. Onze ans auparavant, il entrait dans la police, plein d’espoirs, bien décidé à remplir sa mission avec honnêteté et dévouement. Découvrant peu à peu la corruption qui ronge la police new-yorkaise, il a décidé de la dénoncer...

Al Pacino, cheveux longs, barbe et moustache, bonnet sur la tête et Twin Towers au loin. Si une image devait caractériser le cinéma de Sidney Lumet, ce pourrait bien être celle-ci, tant elle est forte. Dans cet univers urbain d’un New-York quotidien, un homme intègre, solitaire, en colère, que seule sa soif de justice guide dans son combat.

Adapté d’une histoire vraie, Serpico suit le parcours de ce policier qui a commencé comme jeune flic en uniforme, et est devenu, après une mutation, un officier chevelu, moustachu et barbu, à l’aspect de hippie tardif. Mais ce qui le rend vraiment marginal, c’est son honnêteté, son refus obstiné de rentrer dans le système de la corruption et des pots-de-vin divers. Mieux, il veut les dénoncer, y mettre un terme, défiant ses collègues et leurs menaces. Et puisque sa hiérarchie ne l’écoute pas, il sera celui par qui le scandale arrive.

La réalisation de Sidney Lumet est sobre, d’un parfait classicisme. Aucun mouvement de caméra superflu, aucun dialogue inutile ne viennent parasiter l’histoire. Servi par des comédiens de théâtre ou d’authentiques New-Yorkais, Serpico prend des allures de documentaire, de témoignage sur la société américaine – comme souvent dans l’œuvre de Lumet – et sur les dérives de l’une des administrations les plus puissantes du pays.

Et puis il y a Al Pacino, dont c’est seulement le cinquième film, et qui livre, dans un de ses plus beaux rôles, une interprétation sidérante. « L’interprétation, d’un naturel constamment maintenu, est dominée par Al Pacino, vraiment prodigieux, qui réussit à n’en faire jamais trop, alors qu’il est constamment à la limite du numéro. Quelle que soit l’apparence sous laquelle il se montre, il est chaque fois lui-même. » (Guy Allombert Image et Son /La Revue du Cinéma n° 285, juin 1974) Plus de quatre décennies plus tard, Frank Serpico, "le vrai", confiait aux journalistes de Sofilm (n°38, mars 2016) : « Al Pacino a mieux joué Serpico que moi-même. »