Soleil vert

Terre !

New York, 2022. Les hommes ont épuisé les ressources naturelles de la planète. Seul le "Soleil vert" parvient à nourrir une population miséreuse qui ignore tout de cet aliment. Accompagné de son fidèle ami, un policier va découvrir au péril de sa vie l'effroyable réalité de cette société inhumaine.

Si aujourd’hui la climate fiction est récurrente sur les écrans, Soleil vert peut être considéré comme le premier film évoquant une catastrophe climatique et environnementale d’une telle ampleur, frôlant l’apocalypse. Véritable pamphlet écologique, ce film d’anticipation se déroule en 2022 : New-York est en surpopulation, avec quarante millions d’habitants nourris une seule fois par semaine avec du "Soleil vert", une galette à base de plancton, seule denrée restante sur une planète épuisée par les excès de l’Homme. Les autres très rares ressources (l’eau, les légumes et fruits, la viande…) sont réservées à l’élite et au gouvernement. Ce film prophétique, d’une noirceur terrible, développe son propos avec une esthétique saisissante : l’atmosphère est brumeuse, jaunâtre, des pelleteuses répriment les manifestations de la population, la chargeant dans des bennes comme des déchets… La séquence de l’euthanasie "sur demande" est l’une des plus glaçantes : le patient est placé dans une chambre à gaz et on fait défiler devant lui des images de "l’ancien monde" : coucher de soleil, oiseaux, cascades et poissons multicolores…

Entre nostalgie et critique rageuse, Soleil vert ne donne aucune perspective de salut, l’être humain ayant anéanti une planète qui n’a plus rien à offrir. Afin d’étayer son plaidoyer écologique, Richard Fleischer choisit d’engager comme conseiller technique Franck R. Bowerman, alors président de l’Académie américaine pour la protection de l’environnement. Ce dernier déclare à la sortie du film : « Les conséquences d'une attitude de "laisser-faire" seraient désastreuses. Je suis en désaccord radical avec ceux qui soutiennent que la Terre peut supporter indéfiniment la croissance démographique présente. Nos réserves nutritives s'épuisent, nos océans se meurent, notre atmosphère devient chaque jour plus impure et nos ressources minérales sont exploitées largement au-delà des limites raisonnables. Certains prétendent que de tels propos ne sont pas fondés et que ces craintes sont excessives. En tant que spécialiste de l'environnement, j'insiste sur le fait qu'elles sont justifiées. Il est encore temps de faire marche arrière, et d'agir. Dans le cas contraire, Soleil vert cesserait d'être un simple avertissement. Il deviendrait l'épitaphe de l'humanité. » (Écran n°27, juin 1974)