Tana

Trésors et curiosités

Un village de montagne, en Albanie. Tana (Tinka Kurti) est une jeune femme intelligente, extravertie et progressiste. Elle est amoureuse de Stefani (Naim Frashëri). Mais elle doit affronter son grand-père, à la mentalité d’une autre époque, et combattre la jalousie de Lefter (Kadri Roshi).

Tana est considéré comme le premier long métrage de l’Histoire du cinéma albanais, entièrement réalisé et produit par des Albanais.  Ce n’est en effet qu’après le retrait des troupes allemandes et italiennes qui occupaient le pays pendant la Seconde Guerre mondiale que le cinéma albanais pu, très lentement, émerger. En 1945, au moment où la République populaire socialiste d'Albanie est fondée, une loi décrète la nationalisation de toute l’activité cinématographique, acquisition, importation et distribution des films. En 1952, les premiers studios albanais sont créés : Shqipëria e Re, "Albanie Nouvelle". En collaboration avec des écoles de cinéma de l’Europe de l’Est, l’Albanie commence à former des techniciens et des auteurs. Le court métrage Fëmijët e saj de Hysen Hakani ouvre la voie en 1957, suivi, un an plus tard, par Tana de Kristaq Dhamo.

Considéré comme un monument du cinéma national, ce film est adapté du roman éponyme de Fatmir Gjata, qui conte l’histoire d’une jeune fermière, brillante et enthousiaste, dont deux hommes, follement amoureux, se disputent l’affection. Ce personnage féminin luttant pour ses intérêts dans un monde d’hommes, sur fond de libération et de socialisme idéalisé, sera un thème souvent abordé dans le cinéma albanais de l’époque. Tana, inscrit au premier Festival international du Film de Moscou en 1959, met en scène deux femmes qui deviendront des figures de proue du cinéma albanais : Tinka Kurti et Marie Logoreci.

« Ce film est fascinant dans la franchise de son intrigue et la véracité de sa conception. Il est difficile de croire que c’est le premier film réalisé en Albanie – la caméra capture des paysages uniques avec une telle certitude, les acteurs sont si précis et différenciés, et la direction est si puissante et claire. Le cinéaste a magnifiquement réussi à rendre palpables et tangibles, à travers des conflits privés, les problèmes sociaux auxquels l’Albanie est aujourd’hui confrontée. » (Ch. Funke, Der Morgen, 3 février 1960)