The Big Lebowski

Cultes !

Jeff Lebowski (Jeff Bridges), surnommé "the Dude", consacre tout son temps à ses deux passions : fumer de l’herbe et jouer au bowling. Un après-midi, deux malfrats s'introduisent dans sa petite maison de Venice. Le Dude est passé à tabac et pour l'intimider, les deux brutes souillent son tapis : Jackie Treehorn (Ben Gazzara) veut récupérer une forte somme d'argent que lui doit la femme de Jeff Lebowski. Mais le Dude n'est pas marié…. Il s'agit d'un autre Lebowski, un millionnaire de Pasadena.

Deux ans après Fargo (1996), Joel et Ethan Coen quittent le froid glacial du Minnesota pour le soleil cuisant de Los Angeles. Nouvelle satire de l’Amérique et de sa way of life, The Big Lebowski met en scène, comme il est de coutume chez les cinéastes, un anti-héros décalé et poissard, qui deviendra une icône de la culture populaire : "le Dude". Ce dernier incarne ces laissés-pour-compte déphasés, marginaux arrimés aux années 60, à la guerre du Viêt-nam et aux drogues psychédéliques.

Fervent défenseur de l’esprit flower power, le Dude embarque pour une odyssée loufoque dans un Los Angeles désenchanté. D’une belle liberté scénaristique, The Big Lebowski prend le contre-pied des romans noirs de Raymond Chandler ou de J. Ross Macdonald, en tournant en dérision tous les codes du genre : enquête, interrogatoire, demande de rançon. Cette affaire hallucinante de kidnapping ne peut être résolue par les protagonistes, pas suffisamment vifs d’esprit : le Dude traîne sa paresse en méduses, bermuda, robe de chambre (cette dernière est une idée de Jeff Bridges), joints et White Russian à la main, tandis que son acolyte, Walter, vétéran ultra colérique, ne cesse de lui prodiguer des conseils qui créeront des situations plus catastrophiques les unes que les autres.

« Le personnage est devenu culte. Quant à savoir pourquoi, mystère... D'autant que, lors de sa sortie, le film n'a pas été un succès aux États-Unis, loin de là. Il a beaucoup mieuxmarché en Europe. C'est grâce au DVD qu'il a commencé à susciter cet engouement. Le Dude est un composite de deux personnes que nous fréquentions quand nous habitions à Los Angeles : Jeff Dowd, un producteur un peu hippie, un pur produit des sixties, et Peter Exline, un vieil ami, vétéran du Viêt-nam, vaguement impliqué dans le cinéma. Le personnage de Walter, l'alter ego du Dude, interprété par John Goodman, emprunte, lui aussi, à Peter Exline mais surtout à John Milius [scénariste d'Apocalypse Now, réalisateur de Conan le Barbare, réactionnaire notoire et fanatique des armes à feu, NDLR]. Quant à Lebowski, c'était le nom d'un de nos voisins quand on était petits. » (Joel Coen, Le Nouvel Observateur, 18 décembre 2008)