The Long Night

Lumière Classics

Alors que des policiers encerclent son immeuble, l’ex-militaire Joe Adams (Henry Fonda) s’enferme dans son appartement. Coupable de meurtre, sans aucun moyen de fuir mais refusant de se rendre, il passe la nuit à se remémorer les événements qui l’ont conduit à cette situation désespérée.

Cinéaste juif antifasciste d’origine ukrainienne, Anatole Litvak débute sa carrière à Leningrad, puis dirige plusieurs films à Berlin, Paris et Londres, avant de s’installer à Hollywood. Il est naturalisé américain en 1940, mais reviendra travailler en France après 1960.

Après la Seconde Guerre mondiale, Litvak réalise The Long Night, un remake du Jour se lève (1939) de Marcel Carné, remplaçant Jean Gabin par Henry Fonda et Arletty par Ann Dvorak. Jugeant cette version inférieure à la précédente, la critique française s’insurge et parle de plagiat, voire de vol : « Le spectateur moyen, même s’il est américain, sait apprécier les chefs-d’œuvre qui viennent de l’étranger... Le cinéma est un puissant moyen de communication entre les peuples : en offrant au public de leur pays une version tronquée et falsifiée des films étrangers, les auteurs de remake se rendent coupables non seulement de plagiat, mais encore d’un véritable abus de confiance. » (Claude Bower, L’Écran français, 4 novembre 1947) Le film est considéré comme une trahison, aussi bien envers Le Jour se lève qu’envers le public. D’autre part, à la sortie de la guerre, on se méfie du cinéma américain, considéré, après les accords Blum-Byrnes et l’augmentation des quotas de films hollywoodiens, comme trop présent sur les écrans français. Le film ne sera pas distribué en France, mais le sera, entre autres, en Belgique.

L’intrigue de The Long Night suit celle de la version originale, transposée dans une petite ville de Pennsylvanie et Litvak y introduit un flashback supplémentaire. « En fait, sans cela et sans une happy end sans doute imposée par les "lois" hollywoodiennes, The Long Night pourrait être un film noir post-expressionniste et un bel hommage à Carné. » (Jacques Siclier, Le Monde, 16 août 1998)