Un cas particulier

Trésors et curiosités

Kolár (Stefan Kvietik), avocat du suspect, mène une enquête sur le viol et l’assassinat d’une jeune fille de 14 ans. Grâce aux contradictions dans le dossier, il pense pouvoir blanchir son client (15 ans) et le sauver d’un probable emprisonnement.

Issu d’une famille d’artistes (son grand-père était dramaturge et son père comédien et metteur en scène), Martin Hollý étudie la réalisation cinématographique à la Famu, l’Académie du film de Prague, qui compta notamment dans ses rangs Milos Forman, Vera Chytilova et Jiri Menzel. Bientôt, il quitte la formation et intègre le studio Koliba à Bratislava, en Slovaquie, où il réalise plusieurs films et assiste le cinéaste Ladislav Helge. En 1962, c’est avec ce même studio qu’il réalisera son premier long métrage, La Route des corbeaux.

Entre 1962 et 1968, la Tchécoslovaquie passe d’une censure sévère à une relative liberté d’expression. En écho aux bouleversements cinématographiques européens de l’époque, apparaît la Nouvelle Vague, sous ses deux facettes, la Tchèque et la Slovaque, à laquelle appartient Martin Hollý.

Deuxième film du cinéaste, Un cas particulier est, comme la grande majorité des films tchécoslovaques de la première moitié des années 60, traditionnel dans son traitement et son thème mais novateur dans l’approche du sujet, affichant de nouvelles valeurs, la sincérité, la véracité, et un nouveau discours, éloigné de toute « langue de bois » idéologique. Et c’est bien cette recherche de vérité qui sera centrale dans Un cas particulier et permettra à l’avocat de la défense de démonter, preuve par preuve, le dossier établi par la police, qui désignait son jeune client comme coupable.

« Cette sensation vitale d'authenticité, ce besoin de recherche de personnalité, de l'expression singulière de la vérité du monde, cette ambition de placer la vérité de l'énoncé artistique devant l’illusion de l'idéologie et, en même temps, celle de remplacer l'emprunt mécanique des conventions et des stéréotypes sémantiques par la recherche d'un regard nouveau sur des sujets traditionnels ou la recherche d'une nouvelle expression cinématographique, témoignent que c'est dans cette création, nettement individualisée et arrêtée par chacun des réalisateurs du nouveau cinéma, qu'ont été menées à bien la maturité et l'autonomie du cinéma slovaque et son rattachement au contexte cinématographique international. » (Martin Šmatlák in Le Cinéma tchèque et slovaque, sous la direction d’Eva Zaoralova et Jean-Loup Passek, Centre Pompidou)