À la fin de l’ère Edo, un samouraï, Sanjuro (Toshirô Mifune), arrive dans un village écartelé entre deux bandes rivales, menées d’un côté par le bouilleur de saké, de l’autre par le courtier en soie. Les deux bandes veulent s’adjoindre les services de Sanjuro.
« Souvent, je continue à me demander : et si… Et si mon frère ne s’était pas suicidé, serais-je entré dans le monde du cinéma, comme ce fut le cas ? » (Akira Kurosawa, Comme une autobiographie, Seuil/Cahiers du cinéma).
Dernier d’une fratrie de six enfants, Akira Kurosawa est élevé dans un cadre strict ; mais le père emmène régulièrement toute sa famille au cinéma, convaincu de sa valeur éducative. Et c’est Heigo, frère ainé d’Akira et benshi (il commente en direct l'action des films muets sur l'écran) qui conseillera au jeune garçon les films qu’il devait absolument voir. C’est là l’origine de sa cinéphilie et de sa grande culture artistique. Répondant à une annonce, il est recruté en 1935 par le studio PCL (bientôt Toho) comme assistant-réalisateur. Il apprend auprès de ses maîtres le montage, le bruitage… Une vraie révélation : « Jamais l’idée ne m’était venue que le seul domaine où je pouvais être appelé à utiliser tout ce que j’avais appris, c’était le cinéma. » Il passe à la réalisation en 1943, à l’âge de 33 ans, avec La Légende du grand judo. Après de nombreux films, constituant une œuvre essentielle du cinéma japonais, vient en 1961 Yojimbo.
Alors que le modèle féodal touche à sa fin, que le bushido – code d’honneur des guerriers – n’est plus respecté, un samouraï désœuvré erre et vend ses services de garde du corps au plus offrant. Ce ronin, personnage solitaire, est atypique : privilégiant la négociation et la ruse à l’action, il est, pour Charles Tesson, « le premier héros de films de sabre cynique et opportuniste (une révolution au Japon dans l’histoire du genre), plutôt occupé à faire commerce de son talent au lieu d’en faire usage. » (Akira Kurosawa, Cahiers du cinéma/Le Monde). Dans ce film, son plus grand succès au Japon, Kurosawa dresse le portrait d’un homme, maître dans son art, astucieux, manipulateur (il accélère la destruction mutuelle des deux camps), altruiste (mais de façon sélective), et infiniment cynique. « Sanjuro n’est ni bon, ni méchant ; c’est un être humain pétri de contradictions. La complexité de sa nature rend son personnage fascinant et très moderne. » (Aldo Tassone, Akira Kurosawa, Édilig)
Yojimbo inspirera Sergio Leone pour son fameux Pour une poignée de dollars (1964). La filiation est là : avec son personnage de professionnel, efficace, dénué de scrupules, Kurosawa pose les bases de ce que sera le western italien.
Yojimbo
Japon, 1961, 1h50, noir et blanc, format 2.35
Réalisation Akira Kurosawa
Scénario Akira Kurosawa, Ryûzô Kikushima
Photo Kazuo Miyagawa
Musique Masaru Satô
Montage Akira Kurosawa
Décors & costumes Yoshirô Muraki
Production Akira Kurosawa, Toho, Kurosawa Production
Distributeur Carlotta Films
Interprètes Toshirô Mifune (Sanjuro Kuwabatake), Eijirô Tôno (Gonji), Kamatari Fujiwara (Tazaemon), Takashi Shimura (Tokuemon), Seizaburô Kawazu (Seibei), Isuzu Yamada (Orin), Hiroshi Tachikawa (Yoichiro), Tatsuya Nakadai (Unosuke), Daisuke Katô (Inokichi), Yoko Tsukasa (Nui)
Sortie au Japon 25 avril 1961
Présentation à la Mostra de Venise août 1961
Restauration 2K Wild Side
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